Introduction
On parle de crise biologique quand des indices existent dans les couches
géologiques d'une disparition massive d'espèces, à l'échelle mondiale et
dans différents milieux, ce qui suppose de profonds changements écologiques,
rapides à l'échelle des temps géologiques puisque ne laissant pas aux
espèces affectées le temps de s'adapter. L'histoire de la Terre a été
marquée par de nombreuses crises biologiques à l'issue desquelles diverses
espèces ont disparu tandis que de nouvelles prenaient leur place en se
diversifiant à partir des espèces survivantes. La crise Crétacé-Paléocène en
est un exemple dont nous rechercherons les indices dans le document.
Des sites géographiquement différents montrent des indices de changements
écologiques majeurs au même moment, à la limite Crétacé-Paléocène. Ainsi,
dans le Nord de l'Amérique (Dakota) et dans le Sud de l'Europe (Espagne), un
changement de sédimentation intervient à la même période. En Espagne, une
couche d'argile remplaçant des sédiments riches en carbonates d'origine
biologique est l'indice d'une chute de la productivité biologique due à la
disparition de micro-organismes marins comme les Foraminifères. Dans le
Dakota, la présence d'une couche de charbon intercalée entre des sédiments
crétacés de plaine côtière et des sédiments marins atteste, elle aussi, d'un
changement écologique important et de variations du niveau de la mer. En
effet, les deux régions seront recouvertes simultanément par la même mer au
début du Paléocène car une même espèce de Foraminifères, Globigerina
pseudobulloïdes, a été fossilisée dans les deux sites. Ceci suppose
l'existence d'une transgression marine puisque l'un des deux sites était
continental avant la fin du Crétacé. D'autre part, certaines espèces de
Foraminifères ont survécu à la crise et se répandent sur de grandes
distances.
Le document montre également que la crise a affecté à la fois le milieu
continental et le milieu marin. En milieu continental, les Triceratops du
Dakota disparaissent après la limite Crétacé-Paléocène. De plus, aucun
fossile de Dinosaure postérieur au Crétacé n'est connu. Un groupe entier de
Vertébrés a donc disparu. Le milieu marin est lui aussi affecté puisque de
nombreux Foraminifères, animaux planctoniques, disparaissent à la même
période. En outre, la sédimentation carbonatée cesse à la limite
Crétacé-Tertiaire où elle est remplacée par des argiles, comme on l'a vu,
traduisant l'impact dramatique des changements écologiques, le milieu marin
présentant en général des variations plus lentes que le milieu continental.
La sédimentation calcaire ne reprendra qu'au Paléocène. Enfin, on sait que
le changement de conditions a été relativement bref à l'échelle géologique
même si aucun repère de temps n'est disponible sur le document.
Des changements de cette ampleur affectant les milieux les plus divers dans
des régions éloignées de la planète supposent une variation brusque à
l'échelle géologique des conditions écologiques subies par les organismes.
En effet, bien que des extinctions se soient produites en permanence au
cours de l'histoire de la vie, les extinctions massives sont des événements
rares (une dizaine) et brefs.
Conclusion
Ainsi, des indices concordants montrent que s'est produite une crise
biologique majeure à la limite Crétacé-Paléocène. Marquée par la disparition
de 60 à 75 % des espèces vivantes, elle est considérée comme liée à des
changements écologiques majeurs à l'échelle de la planète.
http://www.didier-pol.net/03s12c.htm
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